Madagascar : Qui est l’ancien nouveau président Andry Rajoelina ?

Andry Rajoelina arrivé en tête du second tour du scrutin présidentiel malgache avec 55,66% des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires de la Ceni, n’est pas un étranger de la scène politique. TGV ou encore DJ a eu un parcours atypique, à 44 ans il entame son deuxième mandat présidentiel sur la grande île. Que peut-on retenir du portrait du « jeune homme pressé » de la sphère politique africaine.
Son parcours contraste avec son âge. Un deuxième mandat à 44 ans relève d’un rêve dans cette Afrique où les papys, accrochés au pouvoir n’ont d’autre ambition que de quitter le palais les pieds devant. Ce fils d’officier dans l’armée malgache, né le 30 mai 1974 à Antsirabe, est un entrepreneur rompu à la tâche. En 1994, Andry Rajoelina commence sa carrière dans le secteur de l’événementiel comme disc-jockey, il organise et anime les soirées dansantes. En 1998, grâce au financement de la société de capital-risque Fiaro, filiale de la compagnie d’assurance de l’État ARO, il crée l’entreprise d’impression numérique et de gestion de panneaux publicitaires Injet. Celle-ci est la première entreprise à Madagascar à acquérir la technologie d’impression grand format ce qui lui permet de rapidement dominer le marché de l’affichage publicitaire. Il devient, par la suite actionnaire d’une autre grande société de gestion publicitaire malgache, et propriétaire en 2007, de la radio et chaîne de télévision Ravinala, qu’il rebaptise Viva. Au cours de la même année, Rajoelina créé l’association Tanora malaGasy Vonona ou TGV (Jeunes Malgaches prêts). Il se déclare indépendant et non affilié à l’opposition et est élu maire d’Antananarivo en décembre 2007. Deux ans plus tard, à couteaux tirés avec l’ancien président, son rival de tous les jours, Marc Ravalomanana, il se trouve à la tête de contestataires et organise même des manifestations dans la capitale contre le pouvoir. A 34 ans, en 2009, il force le président à démissionner. Il prend le pouvoir et devient alors le plus jeune dirigeant africain en exercice. Officiellement président de la Haute Autorité de Transition, suite aux accords de Maputo, sa candidature est rejetée. Il apporte néanmoins son soutien à son ancien ministre des finances, Hery Rajaonarimampianina qui est élu, et refuse le poste de Premier ministre. L’homme quitte la sphère politique en 2014. Pendant cinq ans, Andry Rajoelina ne s’exprime pas, mais reste chef de son parti, le MAPAR. Pour finalement réapparaître début 2018 avec une idée en tête : remporter l’élection présidentielle et acquérir sa légitimité démocratiquement. Arrivé au second tour de l’élection contre son challenger Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina va mettre de gros moyens pour battre campagne. Meeting en hélicoptère, Rajoelina parcours toutes les provinces et les villes dans les différentes régions de la grande île. Qualifié de président de la province et des plus modestes, il se revendique de la social-démocratie et cite Gehrard Schröder et Tony Blair. Mais Andry Rajoelina a surtout beaucoup misé sur le vote des provinces et notamment des côtes. Selon les observateurs de la scène politique malgache, Rajoelina a bénéficié des voix des habitants des bas quartiers contrairement à son rival Ravalomanana qui a obtenu le plébiscite de la bourgeoisie Merina dans le centre de l’île, un vote insuffisant pour l’emporter. A 44 ans, Rajoelina a beaucoup insisté, lors de ses sorties, que Madagascar avait besoin d’un président jeune et dynamique, n’hésitant pas à se moquer de l’âge de Marc Ravalomanana, 69 ans. Le second tour de l’élection présidentielle tout comme le premier round, s’est déroulé dans le calme, et cette victoire est une revanche pour celui qui s’est fait connaître pour ses actions d’éclat, mais restait accusé d’être l’homme de ce que certains considèrent comme un coup d’État en 2009. Mais le taux de participation reste faible, 48,9% des malgaches se sont présentés aux urnes et les partisans de Ravalomanana contestent la crédibilité de ce scrutin.