Le président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie, a été tué à l’arme blanche, dans la nuit du 23 au 24 décembre 2018. L’auteur du crime a été arrêté, selon des sources sécuritaires. Mais cet assassinat a provoqué des manifestations des ivoiriens et des étudiants subsahariens vivant en Tunisie pour exprimer leur indignation face à ce meurtre de trop. Selon Issiaka Konaté, directeur général des Ivoiriens de l’étranger au ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, les autorités ivoiriennes suivent l’affaire de près et appellent au calme.
Le président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie a été tué à l’arme blanche dans des circonstances encore non élucidées. Mais, selon les sources sécuritaires tunisiennes, Falikou Coulibaly a été victime d’une tentative de vol alors qu’il rentrait chez lui, dans la zone de la Soukra (banlieue nord de Tunis), en compagnie d’un ami. Il a ensuite été mortellement poignardé à deux reprises. Les secours ont tenté de le transporter à l’hôpital Mongi Slim, mais Falikou Coulibaly a succombé à ses blessures dans l’ambulance. Selon Jeune Afrique, dans une déclaration accordée à Shems FM, le colonel Sofian Zâag, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a indiqué que la police judiciaire du district de l’Ariana avait procédé à l’arrestation du tueur ainsi que de cinq autres complices. « L’auteur aurait avoué son crime, et l’arme du crime, toujours tachée de sang, a été saisie à son domicile », a-t-il précisé. Cet assassinat a provoqué une onde de choc au sein des communautés subsahariennes vivant en Tunisie. Dès l’annonce de la nouvelle, rapporte Jeune Afrique, un millier de personnes s’est rassemblé devant l’ambassade de Côte d’Ivoire dans la capitale Tunis, criant des slogans comme « Pour que cela ne se reproduise pas en Tunisie » et brandissant des banderoles sur lesquelles était écrit : « Paix, justice et liberté ». « C’est un crime raciste », a affirmé Naounou Herman, secrétaire général de l’Association des Ivoiriens en Tunisie. « Nous organisons cette manifestation pour montrer au monde que nous sommes fatigués de la violence contre nous tout le temps (…) Coulibaly a été tué parce qu’il voulait défendre ses frères et ses sœurs », a-t-il ajouté. La Ligue tunisienne des droits de l’Homme a appelé, dans un communiqué, les autorités à « garantir la sécurité de tous les citoyens », dont les étrangers, selon toujours Jeune Afrique.
L’ambassadeur tunisien en Côte d’Ivoire convoqué par les autorités ivoiriennes
Selon, Issiaka Konaté, directeur général des Ivoiriens de l’étranger au ministère de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur, interrogé par Jeune Afrique, les autorités ivoiriennes suivent l’affaire de très près. « Les ministères techniques, le gouvernement ivoirien et le chef de l’État ont été saisis de cette affaire, qu’ils suivent de très près. La Côte d’Ivoire a saisi officiellement la Tunisie. Nous faisons entièrement confiance aux autorités tunisiennes pour que toute la lumière soit faite. L’ambassadeur de Tunisie en Côte d’Ivoire a été convoqué aujourd’hui [mercredi 26 décembre] par les autorités ivoiriennes à Abidjan », a-t-il affirmé. Il a lancé un appel au calme à l’endroit des manifestants et les rassure que justice sera rendue dans un bref délai. Ce meurtre semble être celui de trop en Tunisie. Depuis un certain temps des étrangers, notamment subsahariens, sont victimes de racisme et certains sont lynchés à mort. A entendre Issiaka Konaté, ce crime s’est déroulé dans un quartier où les attaques racistes contre les subsahariens sont récurrentes. Les résidents subsahariens dénoncent des attaques répétées contre leur communauté. En octobre 2016, trois étudiants d’origine congolaise ont été agressés. Depuis lors, l’Association des étudiants subsahariens en Tunisie ne cesse d’enregistrer des cas de violences physiques. Cette situation a conduit le Parlement tunisien a voté en octobre 2018, une loi criminalisant les propos racistes, l’incitation à la haine et les discriminations. Une avancée qualifiée d’ « historique » par les associations défendant les minorités.
Auguste Don de Dieu