Monde : L’OIT et l’Unicef dénoncent une hausse inquiétante du travail des enfants

L’ONU a mis en garde le jeudi 10 juin contre un risque de hausse du travail des enfants, en raison de la pandémie de Covid-19. Selon un rapport, 160 millions d’enfants étaient forcés de travailler début 2020, soit 8,4 millions de plus en 4 ans, marquant la première hausse en deux décennies.

Le rapport, publié tous les quatre ans, montre que la moitié de tous les enfants qui travaillent sont âgés de seulement cinq à onze ans

Un rapport conjoint de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’Unicef, l’agence onusienne en charge du bien-être des enfants, estime qu’au début 2020, 160 millions d’enfants étaient forcés de travailler, soit 8,4 millions de plus en quatre ans. Si les projections actuelles sur la hausse de la pauvreté dans le monde devaient se matérialiser, ce sont neuf millions d’enfants de plus qui vont être forcés de trouver du travail d’ici la fin de l’année prochaine, selon le rapport. Mais les modèles statistiques montrent que ce nombre pourrait être plus de cinq fois plus élevé, a mis en garde, Claudia Cappa, statisticienne de l’Unicef et co-auteure du rapport. « Si les protections sociales baissent par rapport à leur niveau actuel, à cause de mesures d’austérité et d’autres facteurs, le nombre d’enfants forcés de travailler pourrait bondir de 46 millions » d’ici la fin 2022, a-t-elle expliqué à l’AFP.

1 enfant sur 10 concerné avant la pandémie

Le rapport, publié tous les quatre ans, montre que la moitié de tous les enfants qui travaillent sont âgés de seulement cinq à onze ans. La tendance à la hausse a commencé avant que la pandémie ne chamboule totalement l’économie mondiale et marque un tournant par rapport à la décrue de 94 millions d’enfants de moins au travail entre 2000 et 2016. Et juste au moment où la crise sanitaire se répandait dans le monde entier, 1 enfant sur dix était au travail et l’ONU met en garde que la situation risque de se dégrader encore si rien n’est fait pour aider les familles qui plongent dans la pauvreté.

Les garçons plus touchés

En 2020, l’Afrique a connu la plus forte progression sur le travail des enfants

Le phénomène frappe plus les garçons, qui comptaient pour 97 millions sur le total de 160 millions d’enfants au travail début 2020. Plus inquiétante encore est la progression du nombre d’enfants de cinq à 17 ans qui font un travail dangereux, c’est-à-dire qui peut avoir un effet direct sur leur développement, éducation ou santé. Une catégorie qui comprend des secteurs dangereux comme les mines ou la pêche ou encore le fait de travailler plus de 43 heures par semaine, ce qui rend toute scolarisation quasiment impossible. Début 2020, l’OIT et l’Unicef estiment que 79 millions d’enfants étaient occupés à ce genre de travaux dangereux, soit 6,5 millions de plus que quatre ans plus tôt. La très grande majorité des enfants (70% ou 112 millions) sont occupés à des tâches agricoles tandis que 20% sont actifs dans le secteur des services et les 10% restant dans l’industrie. C’est l’Afrique subsaharienne qui a vu la plus forte hausse du nombre d’enfants au travail. Ils étaient 16,6 millions de plus au début de l’année dernière qu’en 2016.

Oumou Konaté