Mozambique : Le président demande à la Renamo de ne pas exiger l’impossible

Filipe NYUSI a appelé le mercredi 19 décembre 2018, le principal parti d’opposition, l’ancien mouvement rebelle Renamo, à cesser de demander l’impossible pour mettre en œuvre le mémorandum d’accord sur les questions militaires signé en août 2018 entre lui et le coordonnateur par intérim de la Commission politique de Renamo, Ossufo MOMADE.
Lors de son discours annuel sur l’état de la nation devant le parlement du pays, l’Assemblée de la République, NYUSI, a déclaré qu’un « important consensus » avait été trouvé entre le gouvernement et la Renamo, mais que le mémorandum avait des responsabilités respectives des deux côtés. Selon les informations relayées par une presse internationale, l’accord visait à guider la démilitarisation de la Renamo, c’est-à-dire la démobilisation et le désarmement de la milice de la Renamo et l’intégration de ses membres dans les forces armées (FADM) ou dans la police, ou à la vie civile. A cet effet, le gouvernement avait nommé à titre intérimaire trois officiers supérieurs de la Renamo pour diriger les départements de la FADM. Une décision qui semble ne pas avoir été bien accueillie par le parti d’opposition. En effet, la Renamo a protesté contre le fait que le mémorandum d’accord ne prévoit pas de nomination intérimaire et a demandé que les trois hommes soient nommés « définitivement ». Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 18 décembre 2018, MOMADE avait également appelé à une mise en œuvre plus rapide du reste du document. Pour ce qui est du calendrier de mise en œuvre, M. NYUSI a déclaré que l’incorporation des officiers de la Renamo « devrait être achevée dès que la Renamo entreprendra les prochaines étapes, qui relèvent de sa responsabilité ». En termes de contrepartie, la Renamo doit présenter une liste de tous ses officiers « dont la situation doit être régularisée, à la fois en termes de rangs et de classement dans la structure de la FADM ». Sans cela, le processus d’intégration des membres de la Renamo dans l’armée mozambicaine ne sera pas effectif. « Nous ne pouvons pas faire l’impossible tant que d’autres mesures n’ont pas été prises », a déclaré M. NYUSI, mais il a promis au gouvernement « de promouvoir les activités contribuant à l’harmonie entre les mozambicains par la réconciliation, la justice et la bonne gouvernance ». A en croire la presse internationale, le président mozambicain a également saisi l’occasion pour rendre un bel hommage au dirigeant décédé de la Renamo, Afonso Dhlakama, décédé du diabète en mai 2018. Il a déclaré que la contribution de Dhlakama avait été « décisive pour tracer une ligne de front sous un passé chargé de suspicion, de haine et de mort ». Dans ses échanges personnels avec Dhlakama, a-t-il ajouté, il avait toujours essayé de rassembler les mozambicains pour défendre les intérêts communs qui font d’eux une nation. Les deux partis d’opposition arriveront-ils à un accord afin de préserver la cohésion sociale en Mozambique ? Espérons bien que oui sinon le pays risque de sombrer une fois de plus dans un conflit qui causera la mort de nombreuses personnes et le déplacement d’autres dans les pays voisins comme ce fut le cas dans le passé.

Sé Alida MILLOGO