RDC : Deux militants d’un mouvement de la société civile risquent la peine de mort

L’avocat de deux militants de Lucha ( Un mouvement de la société civile en RDC créé en 2012 ), a annoncé que ses clients risquaient la peine de mort après un tweet dénonçant le détournement d’une partie de l’aide destinée aux sinistrés de l’éruption du volcan Nyiragongo (Nord-Kivu).
L’éruption du volcan, le Nyiragongo avait fait plus de trente morts et provoqué le déplacement de 450 000 personnes en mai dernier. La majorité des personnes déplacées sont rentrées chez elles mais plusieurs milliers demeurent sans logis. Plusieurs voies se sont élevées pour critiquer la prise en charge des sinistrés.
Deux militants de la société civile Lucha qui est très active en RDC ont été écroués à la suite d’un tweet dénonciateur. En effet, le 4 juin dernier, Lucha avait diffusé un tweet accusant des agents de la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi – l’épouse du Président – à Goma (Nord-Kivu) d’avoir détourné une partie des dons destinés aux sinistrés. Le tweet faisait cas de ce que les “autorités nationales” avaient ”obligé” les entreprises désireuses de venir en aide aux sinistrés à passer par la fondation de la Première Dame pour la distribution de leurs dons. Et quelques minutes plus tard, la Fondation avait démenti l’information sur les réseaux sociaux, rapporte Actualité.cd. Ainsi le 7 juin, la fondation déposait plainte contre Lucha pour diffamation. Un mois plus tard, un militant de Lucha, Parfait Muhani, était arrêté, rejoint par un second, Ghislain Muhiwa, depuis la semaine dernière, selon Afrique la Libre.

Le détournement reconnu par le gouverneur militaire

Mais ce qu’il faut noter comme complication dans ce dossier, c’est que le Nord-Kivu est, comme l’Ituri, sous état de siège depuis le 6 mai dernier, sur ordonnance présidentielle. Et ce sont les tribunaux militaires qui rendent désormais la justice, à l’exception des affaires coutumières. Selon l’avocat des deux accusés, Me Jean-Luc Bahati, interviewé par 7sur7.cd, les deux jeunes gens ont été accusés d’”imputation dommageable”, délit auquel le magistrat militaire instructeur aurait rajouté, selon toujours l’avocat, l’inculpation d’’’association de malfaiteurs”. Selon Me Bahati, en raison de l’état de siège, cette dernière inculpation est passible de la peine capitale. Cependant le détournement d’une partie de l’aide destinée aux sinistrés a été reconnu par le gouverneur militaire de la province mais ses auteurs demeurent non identifiés à ce jour. Des défenseurs des droits de l’Homme au Congo ont appelé le gouverneur militaire du Nord-Kivu “à veiller à l’application de l’édit no 001/2019 du 30 Novembre 2019 portant protection des défenseurs des droits humains en Province du Nord-Kivu“. Neuf organisations de défense des droits de l’Homme ont d’ailleurs demandé mercredi dernier à Goma, la libération des deux militants de Lucha, détenus, selon elles, dans des conditions “inhumaines”.

Sources : Afrique La Libre, Actualité.cd, 7sur7.cd

Pierre Oued.