RDC : Le report des élections au mois de mars 2019 à Beni, Butembo et Yumbi fait des vagues

En République Démocratique du Congo, les élections se sont déroulées le 30 décembre 2018. Mais certains congolais n’ont pas pu accomplir leur devoir civique à cette date. Pour cause, la commission électorale nationale indépendante (CENI) a décidé de reporter les élections dans deux circonscriptions électorales du Nord-Kivu, et à Yumbi jusqu’en mars 2019. Une prise de décision qui n’a pas été bien accueillie de tous et a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre.
Initialement prévues pour se tenir le 23 décembre 2018, les élections présidentielle, législatives, nationales et provinciales ont finalement eu lieu le 30 décembre 2018. L’annonce de ce report avait été faite le jeudi 20 décembre 2018 par la CENI à travers son représentant, Corneille NANGAA à la grande surprise des électeurs et des candidats. Selon la presse locale, Corneille NANGAA a évoqué la raison suivante : l’incendie qui a consumé un dépôt des matériels électoraux à Kinshasa le jeudi 13 décembre 2018. Corneille NANGAA avait justifié qu’en plus de 2676 machines qui ont échappé à l’incendie, les machines préalablement affectées au titre de stock tampon à des entités administratives ont été ramenées de provinces vers Kinshasa. « Problème tout de même, ce stock tampon ne contenait pas de bulletins de vote. Il a donc fallu en recommander auprès du fournisseur en Corée du Sud. Ainsi, 5 millions des bulletins de vote ont été commandés dont le premier lot de 1 million est arrivé à Kinshasa le mercredi 19 décembre 2018 alors que le dernier lot ne peut arriver qu’au soir du samedi 22 décembre 2018 », avait-t-il dit, estimant que l’arrimage de ces machines issues du stock tampon avec les nouveaux bulletins imprimés requiert, entre autres non seulement la configuration mais également l’initialisation de ces dernières en vue de les rendre compatibles avec les circonscriptions de Kinshasa. « Il faut, pour cette opération, un minimum de 60 heures. Ce qui signifie qu’elles ne pourront être prêtes que le 25 décembre 2018 », avait-t-il révélé, précisant que « devant cette impasse technique, il s’est présenté à la CENI, deux hypothèses. La première hypothèse était : d’organiser les élections dans les restes du territoire national le 23 décembre 2018. Dans ce cas de figure, l’élection à Kinshasa se tiendrait 7 jours après, soit le 30 décembre 2018. Deuxième hypothèse : organiser les élections sur toute l’étendue du territoire national et reporter la date des scrutins prévus le 23 décembre au 30 décembre 2018 ». Et la CENI avait jugé opportun de maintenir la date du 30 décembre 2018, date qui selon elle convenait le plus. Cependant une autre décision prise par la CENI était restée au travers de la gorge de certaines personnalités de l’opposition mais aussi de la population créant des mouvements d’humeurs, parfois de colère et indignant certains observateurs. Pour cause, le mercredi 26 décembre 2018, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avait annoncé, le report des élections générales prévues le 30 décembre 2018, au mois de mars 2019, dans deux zones de conflit. Il s’agit notamment des circonscriptions électorales de Beni, Beni ville et Butembo ville, en province du Nord-Kivu (dans l’est), ainsi que Yumbi, dans la province de Maï-Ndombe (dans le sud-ouest). Selon une presse internationale, l’épidémie d’Ebola qui continue de sévir dans les villes de Beni et Butembo, les déplacements de populations, la promiscuité dans les bureaux de vote, ce qui augmente le risque de contagion, les incidents meurtriers survenus dans la nuit du 14 au 15 décembre 2018, sont autant de raisons données par la CENI pour justifier le report. A l’annonce du report des élections dans ces différentes circonscriptions électorales, l’opposition n’avait pas tardé à réagir. Le candidat Martin FAYULU avait indiqué sur Twitter que la CENI ne pouvait pas prétexter d’une épidémie de fièvre Ebola pour reporter les élections à Béni. Notons que Butembo et Beni sont des fiefs de l’opposition. A en croire la presse locale, pendant la campagne présidentielle, Martin FAYULU avait reçu un accueil triomphal quand il s’est rendu à Beni. Preuve du mécontentement des populations, les jeunes de la ville de Beni avaient manifesté, le jeudi 27 décembre 2018, à l’annonce de la nouvelle. Selon la presse locale, des coups de feu avaient été entendus. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés par les forces de l’ordre et de sécurité. Ce sont une vingtaine de policiers qui avaient été déployés au rond-point du 30 juin pour dissuader ces jeunes. Les conséquences de ce report de scrutin à mars 2019 dans ces zones sont importantes. D’abord pour la présidentielle qui s’est tenue le dimanche 30 décembre 2018 et dont les électeurs de ces territoires se sont retrouvés exclus. En somme, c’est plus d’un million deux cent mille électeurs (1 256 241) en moins sur quarante millions environ pour élire le nouveau président. Ce report pourrait également avoir un impact sur l’ensemble des résultats pour les législatives, puisque le quotient de représentativité et donc la clef de répartition des sièges s’applique sur base des résultats à l’échelle nationale. Mais encore, avec ce report partiel, l’Assemblée nationale comptera quinze députés de moins sur les 500 attendus. Des députés qui seront élus en mars 2019 mais vont donc largement compliquer le fonctionnement de la nouvelle Assemblée issue du scrutin du 30 décembre 2018.
Sé Alida MILLOGO