L’enquête sur le soulèvement de septembre 2020 à la prison centrale de Kasapa à Lubumbashi, en République démocratique du Congo est visiblement au point mort, a déclaré Human Rights Watch. Selon les ONG de défense de droits de l’homme, sur une cinquantaine de victimes, certaines sont tombées enceintes suite aux viols et d’autres ont contracté des maladies comme le VIH.
Une année après les émeutes de la prison de Kasapa, les victimes des viols collectifs de cette prison réclament toujours justice. Mais les enquêtes n’ont pas beaucoup avancé, a déploré selon RFI, maître Thimoté Mbuya, responsable de l’ONG Justicia qui accompagne ces victimes. « Depuis ce temps-là jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait, aucune personne n’a été inquiétée et certaines personnes suspectées comme étant des auteurs de ces actes sont même sorties de la prison, d’autres sont même portées disparues», a-t-il précisé.
Les faits
Des émeutes éclatent à la prison de Kasapa de Lubumbashi, le 25 septembre 2020, lorsqu’un groupe de 15 prisonniers considérés dangereux et détenus séparément des autres, réussissent à maîtriser leur unique gardien et à prendre d’assaut la prison, provoquant la fuite du personnel, des gardiens et des forces de sécurité. Quelques pavillons, dont celui des femmes et le bureau administratif, seront incendiés, contraignant les détenues à se réfugier dans la cour principale de la prison. Ainsi, trois jours durant, la prison est inaccessible. Pendant ce temps, une cinquantaine des femmes dont des mineures sont violées par des détenus, a rappelé RFI. Le 28 septembre 2020, un groupe de prisonniers va remettre plus de 40 détenus, dont les meneurs présumés des troubles, aux forces de sécurité, qui vont reprendre le contrôle de la prison.
Des femmes victimes de viols collectifs
Les statistiques médicales compilées après l’émeute, que Human Rights Watch a pu consulter, indiquent qu’au moins sept détenues, dont une adolescente de 16 ans, sont tombées enceintes, très probablement en raison de viols pendant les troubles. Un certain nombre d’entre elles venaient de contracter le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles.
Pour Human Rights Watch, sur les 56 femmes et filles incarcérées dans cette prison, 37 femmes et une adolescente ont affirmé, dans leurs dépositions devant le procureur de la République de Lubumbashi, que des détenus les avaient violées. Certaines survivantes ont aussi affirmé avoir été victimes de viols collectifs ou avoir été violées à plusieurs reprises par différents hommes au cours des trois jours de troubles. Des membres du personnel pénitentiaire, des responsables onusiens et des défenseurs locaux des droits humains ont également affirmé à cette ONG, que la majorité des femmes détenues, peut-être même toutes, avaient été violées, mais que certaines d’entre elles ne l’ont pas signalé au procureur, par crainte de la stigmatisation associée aux agressions sexuelles. Des informations crédibles ont également fait état du viol de six hommes et garçons.
Treize auteurs présumés de ces viols ont été auditionnés
Sur la question de l’ouverture prochaine d’un procès pour traduire les auteurs de ces faits devant la justice, le parquet de Lubumbashi a rassuré que la procédure est assez avancée, selon RFI. Selon la justice, treize auteurs présumés de ces viols massifs dont dix civils et trois militaires ont été auditionnés fin juin 2021. De l’avis de Teddy Katumbo, procureur de la République, la requête sera terminée avant la fin de la semaine pour une instruction devant le tribunal de grande instance.
Roseline BADO