RÉFORME FONCIÈRE ET AGRAIRE : la source de tous les malheurs du Burkina si….

Le Mouvement plus Rien ne Sera Comme Avant (M/PRSCA) a organisé ce 1er juin 2021 à Ouagadougou une conférence sur la réforme agraire et foncière au Burkina Faso. L’objectif de cette sortie médiatique est de dénoncer vigoureusement “la vente sauvage des terres” par des propriétaires terriens avec la complicité des promoteurs immobiliers et l’Etat, selon les conférenciers , appelant  à la reprise des lotissements en faveurs des Burkinabè qui ne disposent pas de logis.

Les conférenciers du M/PRSCA, le coordonnateur Claude Ouédraogo (2e à partir de la droite) entouré du SGA Sié Kambou (ph à dr.) et du Chargé de communication Mansour Guiro, à sa droite

Une bombe à retardement ! C’est l’image que le mouvement dirigé par Claude Ouédraogo a donné au problème foncier au Burkina. Un problème de nature à compromettre la paix sociale et la stabilité du pays à l’avenir, si rien n’est fait, selon le coordonnateur du M/PRSCA pour qui la situation pourrait bien évoluer vers un degré explosif non maîtrisable. “L’attitude capitaliste des fossoyeurs à morceler la terre comme une carcasse de mouton ne saurait rencontrer l’assentiment du M/PRSCA”, ont relevé Claude Ouédraogo et ses camarades qui estiment que “la terre du Burkina Faso est devenue une source d’enrichissement illicite, une caverne d’Ali Baba pour quelques groupes de spoliateurs et d’individus en complicité avec certains promoteurs immobiliers véreux ”. Le M/PRSCA a dénoncé et déploré le rejet de la mesure de suspension temporaire du traitement des dossiers de promotion immobilière à travers une circulaire ministérielle le 9 février 2021 par des promoteurs immobiliers qui ont déclaré environ un mois après qu’ils n’étaient pas tenus par cette décision du ministre. Le Mouvement ajoute à cet affront fait à l’autorité, selon lui, les griefs portés à l’Etat quelques temps plus tard par la coordination des promoteurs immobiliers et propriétaires terriens.  Pis, mentionne Claude Ouédraogo, courant mai à Saaba comme à Pabré, des chefs traditionnels se disant propriétaires terriens ont défié l’autorité de l’Etat à travers des déclarations. Une somme de comportements et d’agissements d’une certaine époque  qui ne sont pas de nature à préserver la paix, l’unité nationale et la cohésion sociale si chères au Burkinabè, de l’avis des conférenciers. “Nous attirons l’attention des bonnets rouges, garants de la paix au Burkina, de faire pardon et de préserver la paix au Faso”, a lancé à l’endroit des chefs coutumiers, Mansourou Guiro, Chargé de communication du M/PRSCA,  face à l’expropriation des citoyens de leurs terres par des chefs coutumiers invoquant par endroit la signature de convention avec des promoteurs immobiliers.  Et d’ajouter ceci : “On n’a jamais entendu dire que le Mogho Naaba chef suprême des Mossi, le Chef des Bobo Mandarè à Bobo Dioulasso, le roi du Gulmu et le roi du Yatenga ont déjà vendu des terres”. Il appelle, par conséquent, ceux qui en font leur travail parmi les bonnets rouges,  à prendre garde. “Si nos devanciers avaient fait de la terre une fortune, il ne resterait plus de terre à vendre aujourd’hui”, a renchéri Sié Kambou, Secrétaire général adjoint du M/PRSCA, qui a rappelé à qui mieux mieux que la terre n’appartient à personne, elle appartient à l’Etat. Il précise, devant camera, que des gens ont vendu des terres mais sont devenus pauvres par la suite, avant de conclure que “la terre est un leg” et il  faut absolument que nous léguions  nos terres à la génération à venir, à l’entendre.

 Comment démêler l’écheveau?

 Les conférenciers, en plus d’interpeller les différents acteurs, ont brossé un tableau sombre de la situation foncière, sans oublier de rappeler, en autres, les 40 000 logements en souffrance de réalisation, les plus de 105 000 parcelles irrégulièrement attribuées ou illégalement occupées, la disparition des centaines  d’espaces verts , la grogne des populations des zones non-loties, l’apurement du passif. L’actuel ministre en charge de l’habitat et de l’urbanisme, Stanislas Sankara, ne devrait plus dormir, selon les conférenciers qui lui demandent de procéder au lotissement des zones d’habitation  non loties afin, disent-ils, d’abréger la souffrance des populations.

Une vue des militants du Mouvement à la conférence de presse

Entre les politiques, les promoteurs immobiliers et les chefs traditionnels ou coutumiers, existe une réelle complicité qui fait que le problème foncier demeure un écheveau très difficile à démêler, à entendre  Claude Ouédraogo et ses camarades. Des hommes politiques aux affaires qui s’appuient sur les chefs coutumiers pour asseoir leur légitimité ou leur poids politique dans leurs fiefs électoraux, des politiques aux affaires complices des promoteurs immobiliers, ont-ils déploré. Comment sortir du puzzle que constitue cet alliage entre les 3 acteurs clés en cause?  Pour l’avenir de nos enfants, les conférenciers ont estimé que des mesures vigoureuses doivent être prises pour assainir l’activité de promotion immobilière et s’assurer du respect strict de la réglementation en matière d’opérations de lotissement  ou d’attribution des parcelles. Pour cela, Claude Ouédraogo et ses camarades ont invité le Président du Faso à prendre une “décision historique” pour mettre fin à la vente sauvage des terres, examiner la réforme agraire et foncière et consacrer la propriété absolue de la terre au seul Etat, procéder au retrait pur et simple de bien des titres fonciers et exproprier des occupants de certaines terres pour utilité publique. C’est à ce titre que l’on peut espérer des lendemains meilleurs en matière de foncier, ont-ils conclu.

Lonsani SANOGO