Révolution populaire d’août 1983 au Burkina

Avec ses frères d’armes, le capitaine Thomas Sankara a dirigé
la révolution burkinabè, de 1983 à 1987

     Quel héritage, 38 ans après ?

Le 4 août 1983 de jeunes officiers de l’armée burkinabè, voltaïque à l’époque, s’emparent du pouvoir. Cette junte organise la Révolution Démocratique et Populaire (RDP), conduite par un quarteron de sous-officiers, avec à sa tête le capitaine Thomas Sankara. A l’épreuve de la gestion du pouvoir, cette révolution connaîtra aussi bien des hauts que des bas, en 4 ans de règne. Retour sur une période historique de la vie du Burkina!

Cela fait 38 ans, jour pour jour, que le Burkina Faso, ex Haute Volta connaissait la première révolution de son histoire. Dirigée par le capitaine Thomas Sankara et ses frères d’armes, cette révolution d’août 1983 a imprimé sa marque dans les annales de l’histoire du pays des Hommes intègres. Il est important de revenir sur la date du 17 mai 1983 car, étroitement liée à celle du 4 août 1983. Selon le regretté Valère Somé qui s’exprimait lors d’un point de presse rapporté par nos confrères de Lefaso.net, ce fidèle ami de Sankara a confié, en août 2015, que «la révolution est le terme ultime de l’insurrection populaire déclenchée suite au complot impérialiste du 17 mai 1983, visant à endiguer la marée montante des forces démocratiques et révolutionnaires». En effet en mai 1983, le capitaine Sankara, alors premier ministre du président Jean Baptiste Ouédraogo, avait des points de vue divergents avec ceux du président. «A la suite de cela, naquit  une cohabitation difficile, entre le premier ministre, Thomas Sankara, et le président, Jean-Baptiste Ouédraogo, d’où la survenance des évènements du 17 mai 1983», poursuit l’ancien ministre de l’enseignement de Sankara, Valère Somé, décédé le 30 mai 2017.

Arrestation de Thomas Sankara le 17 mai 1983

Ce jour-là, le premier ministre, Thomas Sankara et quelques camarades seront arrêtés, ce qui provoque un mécontentement généralisé. Au regard des manifestations et autres mouvements d’humeur consécutifs à ces arrestations, les «célèbres prisonniers» furent élargis. Malgré cette concession, la fracture au sein des différents camps restait béante et ce qui devait arriver arriva, finalement. Ainsi le 4 août 1983, un commando  parti de Pô (dans le centre sud du pays), dirigé par le capitaine, Blaise Compaoré, descend à Ouagadougou. Ils débarquent le président, le médecin commandant, Jean-Baptiste Ouédraogo, du pouvoir et le font prisonnier avec certains de ses thuriféraires. Le pays des Hommes intègres venait ainsi de vivre son énième pronunciamiento. Dès leur prise du pouvoir, les jeunes officiers engagent des réformes profondes pour le pays telles les changements de dénomination du pays, de son emblème, de ses armoiries, de la couleur de son drapeau, de sa devise, de son hymne nationale… En 4 ans de gestion du pouvoir d’Etat, soit de 1983 à 1987, les jeunes révolutionnaires ont également engrangé des acquis sur le triple plan politique, social et économique.

Quelques acquis de la révolution d’août 1983

Entre autres succès à mettre à l’actif de la RDP, on peut noter qu’à la faveur de son avènement, il y a eu l’amélioration des systèmes de soins de santé, une hausse du taux d’alphabétisation au pays, celui des filles en particulier, la promotion des langues nationales et du travail en collectivité, la promotion du “consommons Burkinabè” avec la valorisation des mets locaux et du pagne tissé traditionnel appelé “Faso Dan Fani”, la valorisation de l’identité nationale burkinabè à travers l’appartenance au pays dit “pays des Hommes intègres”. Après quelques années de fonctionnement seulement, la RDP avait commencé à montrer des signes d’essoufflement, à pointer ses limites. Les désaccords entre les quatres chefs historiques ont fini par avoir raison de cette révolution qui connut une violente et tragique fin, le 15 octobre 1987, date de l’assassinat du président de la révolution, le capitaine Thomas Sankara et douze de ses compagnons. A la suite de ce coup de force, le capitaine Blaise Compaoré, ami intime du regretté Sankara et numéro 2 de la révolution, prend le pouvoir et dirige le pays d’une main de fer jusqu’en fin octobre 2014, date à laquelle il est chassé du pouvoir par une insurrection populaire.

Photo d’archives des 4 chefs historiques de la révolution démocratique et populaire, de g. à dr., le capitaine Blaise Compaoré, le commandant Boukary Lengani, le capitaine Sankara, le capitaine Henri Zongo

                                                        Abdoul Karim TAPSOBA