Rwanda : Béatrice Munyenyezi comparaît à Kigali pour son rôle dans le génocide

La rwandaise Béatrice Munyenyezi, accusée de crimes durant le génocide de 1994 contre les Tutsi a comparu le mercredi 28 avril 2021 devant un tribunal de Kigali, après avoir été expulsée des États-Unis au début du mois.

Béatrice Munyenyezi au tribunal de kigali le 28 avril 2021 au Rwanda

Agée de 51 ans, Béatrice Munyenyezi, a été arrêtée le 17 avril 2021 à son arrivée dans la capitale rwandaise selon le site de TV5 Monde. Elle est visée par la justice rwandaise avec à son encontre sept chefs d’accusation liés au génocide, dont ceux de crimes de génocide, incitation à commettre un génocide, complot en vue de commettre un génocide et complicité de viol et d’extermination.
Sa comparution mercredi 28 avril a été brève vu que son avocat Gatera Gashabana a pu obtenir un ajournement au 5 mai prochain afin dit-il d’avoir plus de temps pour préparer sa défense. « Je n’ai pas eu suffisamment de temps pour préparer le dossier car il n’est pas possible de voir ma cliente. Ce n’est qu’hier soir (mardi) qu’on nous a donné 20 minutes ensemble pour discuter de l’affaire », a déclaré à l’AFP Gatera Gashabana, son avocat, après l’audience.

Elle a purgé une peine de dix ans de prison aux Etats-Unis


Selon le site Africanews, Béatrice Munyenyez a été déportée des Etats Unis après y avoir passé dix ans en prison pour avoir menti sur son implication dans le génocide (ce qui lui avait permis d’obtenir la nationalité américaine).
Un article de 2015 du Boston Magazine, avait révélé que Béatrice Munyenyezi vivait tranquillement dans un quartier ouvrier de l’Etat du New Hampshire, aux Etats-Unis, avec ses trois enfants jusqu’à ce qu’un agent fédéral commence à sonder son passé. Son cas a attiré l’attention vue que son mari et sa belle-mère, une ancienne ministre, étaient jugés pour crimes de génocide. Tous deux ont été condamnés.
Son mari Arsène Shalom Ntahobali a notamment écopé de 47 ans de prison en 2013 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) d’Arusha, en Tanzanie, pour son rôle dans la milice Interahamwe.

Surnommée « la commandante » durant le génocide Rwandais


Slates Afrique révèle que selon certaines investigations Béatrice Munyenyezi, était surnommée « la commandante », elle avait en charge la supervision d’un barrage routier où elle identifiait les Tutsi et les faisait tuer. Elle encourageait également les extrémistes hutu à violer les femmes, y compris dans un cas, une religieuse.

En rappel, le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts, principalement Tutsi, dans des massacres orchestrés par le régime hutu entre avril et juillet 1994, selon les chiffres de l’ONU.

Roseline BADO