En poste depuis l’éviction militaire de Robert Mugabe il y a trois ans et demi, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa consolide son emprise sur le pouvoir avec des mesures qui rappellent le style de son prédécesseur, selon les analystes.

Les modifications apportées à la constitution et la criminalisation du discours antigouvernemental marquent un changement par rapport aux combats de rue et aux enlèvements de Mugabe, mais les observateurs voient les mêmes motifs à l’œuvre rendant l’opposition politique presque impossible.Le président qui est arrivé au pouvoir en promettant une « nouvelle démocratie en cours » et un départ du régime autoritaire de Mugabe développe en fait « un exécutif impérial dont le pouvoir n’est pas suffisamment contrôlé et équilibré », a déclaré à Nation Africa Kucaca Phulu, chef des affaires juridiques de la Mouvement d’opposition pour le changement démocratique (MDC). Il y a quelques semaines, un amendement constitutionnel accordait au président le pouvoir de trier les juges sur le volet et de prolonger le mandat des hauts fonctionnaires de la magistrature, même au-delà de l’âge de la retraite. Le changement constitutionnel « est manifestement visible dans son intention de consolider et de consolider la position du président avant les élections de 2023 », a déclaré le Zimbabwe Human Rights NGO Forum dans un communiqué.

Mnangagwa a presque immédiatement prolongé de cinq ans le mandat du juge en chef Luke Malaba, 70 ans, considéré comme l’allié du président après avoir rejeté les allégations de l’opposition concernant le truquage des élections en 2018. Plus tôt ce mois-ci, la Haute Cour du Zimbabwe a jugé que la prolongation de Malaba était illégale après une contestation par une association d’avocats, mais les critiques voient peu de différence entre Mnangagwa l’ancien adjoint de Mugabe et son ex-patron, l’accusant de chercher à créer un Etat à parti unique sous le régime Zanu-PF.« Battre les gens n’est plus viable », a déclaré à l’AFP l’analyste indépendant Alexander Rusero. »Alors que dans le passé la Zanu-PF a utilisé la violence et les enlèvements pour intimider et intimider ses opposants afin de maintenir son emprise sur le pouvoir, cette fois, ils ont décidé d’utiliser des moyens subtils. »
K.Fiakofi